Vous avez sûrement déjà entendu parler des poissons contaminés au mercure, comme le thon, l’espadon ou le brochet. Chaque année, le sujet revient dans les infos : “attention à ne pas en consommer trop souvent !”.
Et pour cause : derrière ces mises en garde, il y a la réalité des métaux lourds, ces substances invisibles qui s’invitent dans notre alimentation.
La vraie question est : jusqu’où ces substances se sont-elles déjà glissées dans notre quotidien ?
Mieux comprendre ce que sont les métaux lourds
Il s’agit d’éléments métalliques présents naturellement dans l’environnement.
En très petites quantités, certains peuvent même jouer un rôle utile pour l’organisme. Mais quand les doses s’accumulent, c’est une autre histoire : ils deviennent toxiques.
Les plus connus ? Le plomb, l’arsenic, le mercure, le cadmium, l’aluminium, le chrome ou encore le nickel. Autant de noms qui, rien qu’à les lire, évoquent déjà des substances dont on aimerait se passer dans son assiette…
Le problème, c’est que ces métaux lourds ont une fâcheuse tendance à s’accumuler dans la chaîne alimentaire. Résultat : on peut en retrouver dans certains poissons (le mercure), dans des aliments basiques comme le riz (arsenic) ou le blé (cadmium), ou encore l’eau en bouteille (chrome).
Même si leur teneur est réglementée, les chercheurs tirent la sonnette d’alarme : notre exposition est de plus en plus importante, et les risques sur la santé bien réels.
Ajoutez à cela les scandales sanitaires à répétition et la méfiance grandissante envers l’industrie agroalimentaire, et la question s’impose : comment limiter notre exposition à ces intrus invisibles ?
Été 2025 : une alerte générale sur le Cadmium
Cet été, une nouvelle inquiétante a fait la une : le cadmium, un métal lourd toxique, contamine largement notre alimentation.
D’où vient-il ? Le cadmium est naturellement présent dans les sols, mais les engrais utilisés en agriculture en augmentent fortement la concentration. Les plantes l’absorbent, et il remonte ensuite toute la chaîne alimentaire. On en retrouve surtout dans les céréales, les pommes de terre, les abats, les mollusques… et même le cacao. Oui, le chocolat aussi est concerné !

Le cadmium est d’autant plus inquiétant qu’il s’accumule dans l’organisme au fil du temps.
L’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) fixe une dose hebdomadaire maximale : 2,5 µg par kilo de poids corporel. En clair, pour un adulte de 80 kg, cela représente environ 200 µg par semaine. 200 µg, c’est minuscule : imaginez un grain de sel, coupez-le en quatre… et vous avez votre dose hebdomadaire maximale !
Une « urgence sanitaire » grave
Malheureusement, de récentes études montrent que la population française atteint déjà ce seuil… et le dépasse parfois.
Les enfants sont encore plus vulnérables. Pour un enfant, chaque bouchée compte double. Comme la limite de sécurité est liée au poids, une portion “normale” pour un adulte peut déjà être trop lourde pour un petit corps.
En juin 2025, l’URPS-ML (un regroupement de médecins libéraux) a dénoncé une “urgence sanitaire” : en France, les adultes sont 3 fois plus exposés au cadmium que les Américains, et les enfants 4 fois plus.
Le coup de massue est venu du magazine UFC Que Choisir, qui a publié une analyse sur les produits chocolatés. Leur constat fait froid dans le dos : une simple barre de chocolat de 20 g couvre déjà 85 % de la dose maximale pour un enfant !
Les bons réflexes à adopter pour limiter votre exposition
La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez agir !
Même si les métaux lourds sont présents un peu partout dans notre environnement, votre alimentation reste un levier puissant pour limiter leur impact.
En adoptant quelques gestes simples et réguliers, vous réduisez déjà de façon significative votre exposition et protégez votre santé sur le long terme :
- Arrêter le tabac : les cigarettes sont une source directe de cadmium, de plomb et d’arsenic. Attention, les vapoteuses sont aussi concernées ! En y renonçant, vous protégez vos poumons et réduisez votre exposition en même temps.
- Privilégier les produits biologiques : en particulier pour les céréales et les légumes. L’agriculture biologique limite l’usage d’engrais chimiques, responsables d’une partie de la contamination des sols.
- Varier vos sources de céréales : alterner blé, riz, avoine, sarrasin ou encore quinoa permet d’éviter une accumulation répétée des mêmes résidus.
- Choisir un chocolat de qualité : inutile de vous en priver, mais privilégiez les origines Afrique ou Asie, généralement moins riches en cadmium que celles d’Amérique latine.
- Limiter la consommation d’abats : foie et rognons sont nutritifs, mais souvent très chargés en métaux lourds. Les consommer occasionnellement suffit amplement.
- Privilégier les petits poissons : sardines, maquereaux ou truites contiennent beaucoup moins de mercure que le thon, l’espadon ou le requin, situés plus haut dans la chaîne alimentaire.
- Laver et éplucher vos légumes : ce geste simple réduit la présence de polluants en surface. Il permet aussi d’éliminer une partie des résidus de pesticides et des poussières de métaux lourds déposés lors de la culture ou du transport.
- Être vigilant pour les enfants : leur organisme est plus vulnérable, car la dose tolérable dépend du poids. Limitez les céréales transformées du petit-déjeuner, surveillez la consommation de chocolat, et variez les alternatives (fruits frais, compotes, yaourts nature…) afin de réduire les apports cumulés.
En conclusion
L’exposition aux métaux lourds est une réalité qu’il ne faut pas sous-estimer.
Les chiffres montrent que la population française atteint parfois, voire dépasse, les seuils de sécurité fixés par les autorités. Mais cela ne signifie pas que vous êtes sans défense.
En variant davantage vos choix alimentaires, en privilégiant des filières plus sûres et en adoptant quelques réflexes simples, vous réduisez déjà considérablement le risque. Ce sont de petits ajustements qui, mis bout à bout, font une vraie différence pour votre santé et celle de vos proches.
S’informer, rester attentif, mais sans renoncer au plaisir de manger : voilà la voie à suivre.
Parce qu’une alimentation équilibrée et choisie en connaissance de cause, c’est à la fois un moyen de se protéger et une source de confiance retrouvée.
En savoir plus ?
Santé Publique France – Exposition aux métaux de la population française : résultats de l’étude ESTEBAN
Les médecins libéraux se mobilisent pour informer et alerter la population sur les enjeux de santé environnementale, et notamment le cadmium
Vert – Cadmium et PFAS dans l’alimentation : qu’est-ce qu’on peut encore manger, et que faut-il éviter ?
UFC Que Choisir : Cadmium dans le chocolat – Une contamination bien réelle
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